La cuisine de l'exil
Quelquefois quand vous roulez, sous la pluie, sur le périf nantais, l'estuaire se montre dans le brouillard et vous pensez aux navires qui sont passés là et qui partaient très loin.
Et puis vous pensez au pays, et vous apercevez comme une pincée d'amertume tapie derrière une idée commune, qui surgit alors que vous ne la pensiez pas là, pas maintenant.
Le pays est loin, il fait froid, il n'a jamais été aussi loin, et cette amertume est trop proche, elle ne vous quittera pas avant le soir.
Mais le soir, vous cuisinerez la soupe de l'exil, parce-qu'elle vous rappelle votre vie de là-bas, et qu'elle seule peut vous réchauffer:
- un verre de lentilles vertes du puy
- un gros oignon (là, j'ai pris un rouge, et c'était très bon) émincé fin
- deux gousses d'ail émincées
- deux belles tranches de lard fumé, découennées et coupées en morceaux
- une boite 2/4 de concassée de tomates
- une belle cuillère à soupe de paprika (du bon, du vrai, de là-bas)
- trois feuilles de laurier
... Faire blondir l'oignon dans une cocotte, dans laquelle vous aurez versé une bonne cuillère à soupe d'huile d'olive;
pendant ce temps, mettez les lentilles dans une casserole, couvrez d'eau chaude et mettez sur le feu à bouillir;
versez votre cuillère de paprika dans la cocotte où cuit l'oignon, mélangez bien en grattant bien le fond de la cocotte; le paprika va un peu cuire et répandre une odeur délicieuse;
ajoutez le lard à l'oignon et faites rissoler; puis ajoutez la boite de concassée de tomates et l'ail, et mélangez bien;
ajoutez alors les lentilles et leur eau de cuisson, les feuilles de laurier, ajoutez de l'eau jusqu'à ce que la quantité vous paraisse adéquate, assaisonnez de poivre et de sel, et laisser mijoter au moins trois quarts d'heure à feu doux.
... réchauffez-vous...